Evelyne Artaud, commissaire d’exposition
Nous attendons la fin du monde, tel est le titre de l’œuvre, ce monde dont le centre est précisément là où nous sommes, exactement là où nous nous tenons et toujours là où nous naissons, ce qui est censé définir ce que l’on nomme aujourd’hui notre identité.
Encapuchonnés dans nos certitudes aussi bien que dans nos doutes, environnés par les barrières qui nous protègent contre nous-mêmes, contre les autres, contre le monde, symbolisées ici par les points cardinaux que sont les petites cuillères touristiques géantes, rapportées de nos voyages ça et là autour du monde, et qui imaginent la futilité de ce que nous nous souviendrons de ce monde sur le point de disparaître, nous tournons en rond !
« D’où viens-tu ? Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ? » sont les premières questions que nous apprenons d’une langue étrangère et qui nous définissent : L’espace, le temps, le nom.
Serait-ce ce qui nous donne forme et existence au monde, présence et être-au-monde ? Et comment ne pas être sourd à ce qui nous y attache ? Et que faire en attendant la fin ? Vertige, vanité et désespoir, nous paralyseraient ? Et donc si ce n’était peut-être, que faire ce que nous savons faire, là où nous sommes ?